top of page

A propos de "D'après souvenirs" et le projet "Intempéries"

« D’après souvenirs » est une installation usant de l’esthétique intime de la salle de bain afin de révéler et de sublimer un fragment du monde. Une baignoire immaculée et brillante accueille une eau salée parsemée de roches volcaniques de l’île de la réunion. 

Le point de départ de cette œuvre est un souvenir lointain de ma mère qui remplissait la baignoire, le plus gros récipient de la maison, pour y stocker de l’eau douce et potable. La peur de la brusque rareté d’une ressource vitale. 

Son geste précédait les plus intenses systèmes cycloniques. C’est une image qui m’est toujours apparue avec beaucoup de poésie. Dans un climat d’urgence, s’ancre une eau bleue, si calme alors que dehors tout s’apprête à s’ébranler, à déborder et exploser. Ce réservoir était devenu mon signal d’alerte.

Puis, ce souvenir fut ravivé par la lecture d’un livre de Jasmyn Award, « Bois Sauvage ». Un roman racontant la préparation de Esch, une jeune fille du Bayou, avant la plus grosse tempête de la région depuis des années ; Katrina. 

La chose que je pensais si intime et personnelle appartenait d’un coup à une autre petite fille à l’autre bout du monde. 

« D’après souvenirs » délimite une zone propice à la formation des systèmes cycloniques. Le temps et l’échelle sont modifiées pour permettre la contemplation. L’urgence devient poésie. Elle se dessine dans un geste minimale. Les formes émergent de façon inattendues de la même manière que naît un cyclone. La tension visuelle permet l’immersion dans une atmosphère proche de ce que l’on peu ressentir à l’approche de ces phénomènes.

Cette œuvre prolonge la réflexion entamée il y a un peu plus d’un an sur la qualité de certaines perturbations naturelles. Leur formation, leur intensité, leur localisation. Des facteurs intéressant lorsqu’il s’agit de saisir les distances. D’imaginer des espaces ou de franchir les limites. 

De ce fait « D’après souvenir » s’inscrit à la suite d’une série d’oeuvres réalisées ou en cours de réalisation («Glissement de terain» - «Intempéries»). Des œuvres questionnant le rapport à l’intensité de ces phénomènes. La proximité rendue possible par le déploiement de dispositifs sensibles ouvre sur un langage universel même si l’oeuvre trouve son origine dans un fait particulier.

bottom of page